venerdì 17 aprile 2009

Guy de Maupassant et Jean Renoir (1)



Une partie de campagne, film di Jean Renoir (1936) Dalla novella di Guy de Maupassant Con Sylvia Bataille (Henriette), Georges D'Arnoux (Henri), Jeanne Marken ( Madame Dufour), André Gabriello (Monsieur Dufour) Jacques B. Brunius (Rodolphe), Paul Temps (Anatole), Gabrielle Fontan (La grand' mère), Jean Renoir (Père Poulain), Marguerite Renoir (La servante), Pierre Lestringuez (Un vieux curé), Georges Bataille, Jacques Becker, Henri Cartier-Bresson (tre seminaristi), Alain Renoir (un pescatore) Musica: Joseph Kosma Fotografia: Claude Renoir) Assistenti alla regia: Jacques Becker, Henri Cartier-Bresson, Yves Allégret, Claude Heymann, Luchino Visconti Luoghi: Bords du Loing, Montigny-sur-Loing, Marlotte (Seine-et-Marne, France) (40 minuti) Rating IMDb: 8.2

Solimano




Une partie de campagne
di Guy de Maupassant
La Vie moderne, 2 et 9 avril 1881


On avait projeté depuis cinq mois d'aller déjeuner aux environs de Paris, le jour de la fête de Mme Dufour, qui s'appelait Pétronille. Aussi, comme on avait attendu cette partie impatiemment, s'était-on levé de fort bonne heure ce matin-là.
M. Dufour, ayant emprunté la voiture du laitier, conduisait lui-même. La carriole, à deux roues, était fort propre ; elle avait un toit supporté par quatre montants de fer où s'attachaient des rideaux qu'on avait relevés pour voir le paysage. Celui de derrière, seul, flottait au vent, comme un drapeau. La femme, à côté de son époux, s'épanouissait dans une robe de soie cerise extraordinaire. Ensuite, sur deux chaises, se tenaient une vieille grand-mère et une jeune fille. On apercevait encore la chevelure jaune d'un garçon qui, faute de siège, s'était étendu tout au fond, et dont la tête seule apparaissait.

Après avoir suivi l'avenue des Champs-Élysées et franchi les fortifications à la porte Maillot, on s'était mis à regarder la contrée.
En arrivant au pont de Neuilly, M. Dufour avait dit : " Voici la campagne enfin ! " et sa femme, à ce signal, s'était attendrie sur la nature.
Au rond-point de Courbevoie, une admiration les avait saisis devant l'éloignement des horizons. A droite, là-bas, c'était Argenteuil, dont le clocher se dressait ; au-dessus apparaissaient les buttes de Sannois et le Moulin d'Orgemont. A gauche, l'aqueduc de Marly se dessinait sur le ciel clair du matin, et l'on apercevait aussi, de loin, la terrasse de Saint-Germain ; tandis qu'en face, au bout d'une chaîne de collines, des terres remuées indiquaient le nouveau fort de Cormeilles. Tout au fond, dans un reculement formidable, par-dessus des plaines et des villages, on entrevoyait une sombre verdure de forêts.
Le soleil commençait à brûler les visages ; la poussière emplissait les yeux continuellement, et, des deux côtés de la route, se développait une campagne interminablement nue, sale et puante. On eût dit qu'une lèpre l'avait ravagée, qui rongeait jusqu'aux maisons, car des squelettes de bâtiments défoncés et abandonnés, ou bien des petites cabanes inachevées faute de paiement aux entrepreneurs, tendaient leurs quatre murs sans toit.
De loin en loin, poussaient dans le sol stérile de longues cheminées de fabriques, seule végétation de ces champs putrides où la brise du printemps promenait un parfum de pétrole et de schiste mêlé à une autre odeur moins agréable encore.
Enfin, on avait traversé la Seine une seconde fois, et, sur le pont, ç'avait été un ravissement. La rivière éclatait de lumière ; une buée s'en élevait, pompée par le soleil, et l'on éprouvait une quiétude douce, un rafraîchissement bienfaisant à respirer enfin un air plus pur qui n'avait point balayé la fumée noire des usines ou les miasmes des dépotoirs.
Un homme qui passait avait nommé le pays : Bezons.


La voiture s'arrêta, et M. Dufour se mit à lire l'enseigne engageante d'une gargote : Restaurant Poulin, matelotes et fritures, cabinets de société, bosquets et balançoires. " Eh bien, madame Dufour, cela te va-t-il ? Te décideras-tu à la fin ? "
La femme lut à son tour : Restaurant Poulin, matelotes et fritures, cabinets de société, bosquets et balançoires. Puis elle regarda la maison longuement.
C'était une auberge de campagne, blanche, plantée au bord de la route. Elle montrait, par la porte ouverte, le zinc brillant du comptoir devant lequel se tenaient deux ouvriers endimanchés.
A la fin, Mme Dufour se décida : " Oui, c'est bien, dit-elle ; et puis il y a de la vue. " La voiture entra dans un vaste terrain planté de grands arbres qui s'étendait derrière l'auberge et qui n'était séparé de la Seine que par le chemin de halage.
Alors on descendit. Le mari sauta le premier, puis ouvrit les bras pour recevoir sa femme. Le marchepied, tenu par deux branches de fer, était très loin, de sorte que, pour l'atteindre, Mme Dufour dut laisser voir le bas d'une jambe dont la finesse primitive disparaissait à présent sous un envahissement de graisse tombant des cuisses.
M. Dufour, que la campagne émoustillait déjà, lui pinça vivement le mollet, puis, la prenant sous les bras, la déposa lourdement à terre, comme un énorme paquet.
Elle tapa avec la main sa robe de soie pour en faire tomber la poussière, puis regarda l'endroit où elle se trouvait.

C'était une femme de trente-six ans environ, forte en chair, épanouie et réjouissante à voir. Elle respirait avec peine, étranglée violemment par l'étreinte de son corset trop serré ; et la pression de cette machine rejetait jusque dans son double menton la masse fluctuante de sa poitrine surabondante.
La jeune fille ensuite, posant la main sur l'épaule de son père, sauta légèrement toute seule. Le garçon aux cheveux jaunes était descendu en mettant un pied sur la roue, et il aida M. Dufour à décharger la grand-mère.
Alors on détela le cheval, qui fut attaché à un arbre ; et la voiture tomba sur le nez, les deux brancards à terre. Les hommes, ayant retiré leurs redingotes, se lavèrent les mains dans un seau d'eau, puis rejoignirent leurs dames installées déjà sur les escarpolettes.


Mlle Dufour essayait de se balancer debout, toute seule, sans parvenir à se donner un élan suffisant. C'était une belle fille de dix-huit à vingt ans ; une de ces femmes dont la rencontre dans la rue vous fouette d'un désir subit, et vous laisse jusqu'à la nuit une inquiétude vague et un soulèvement des sens. Grande, mince de taille et large des hanches, elle avait la peau très brune, les yeux très grands, les cheveux très noirs. Sa robe dessinait nettement les plénitudes fermes de sa chair qu'accentuaient encore les efforts des reins qu'elle faisait pour s'enlever.
Ses bras tendus tenaient les cordes au-dessus de sa tête, de sorte que sa poitrine se dressait, sans une secousse, à chaque impulsion qu'elle donnait. Son chapeau, emporté par un coup de vent, était tombé derrière elle ; et l'escarpolette peu à peu se lançait, montrant à chaque retour ses jambes fines jusqu'au genou, et jetant à la figure des deux hommes qui la regardaient en riant, l'air de ses jupes, plus capiteux que les vapeurs du vin.
Assise sur l'autre balançoire, Mme Dufour gémissait d'une façon monotone et continue : " Cyprien, viens me pousser ; viens donc me pousser, Cyprien ! " A la fin, il y alla et, ayant retroussé les manches de sa chemise, comme avant d'entreprendre un travail, il mit sa femme en mouvement avec une peine infinie.
Cramponnée aux cordes, elle tenait ses jambes droites, pour ne point rencontrer le sol, et elle jouissait d'être étourdie par le va-et-vient de la machine. Ses formes, secouées, tremblotaient continuellement comme de la gelée sur un plat. Mais, comme les élans grandissaient, elle fut prise de vertige et de peur. A chaque descente, elle poussait un cri perçant qui faisait accourir tous les gamins du pays ; et, là-bas, devant elle, au-dessus de la haie du jardin, elle apercevait vaguement une garniture de têtes polissonnes que des rires faisaient grimacer diversement.


Une servante étant venue, on commanda le déjeuner.
" Une friture de Seine, un lapin sauté, une salade et du dessert ", articula Mme Dufour, d'un air important. " Vous apporterez deux litres et une bouteille de bordeaux ", dit son mari. " Nous dînerons sur l'herbe ", ajouta la jeune fille.
La grand-mère, prise de tendresse à la vue du chat de la maison, le poursuivait depuis dix minutes en lui prodiguant inutilement les plus douces appellations. L'animal, intérieurement flatté sans doute de cette attention, se tenait toujours tout près de la main de la bonne femme, sans se laisser atteindre cependant, et faisait tranquillement le tour des arbres, contre lesquels il se frottait, la queue dressée, avec un petit ronron de plaisir.
" Tiens ! cria tout à coup le jeune homme aux cheveux jaunes qui furetait dans le terrain, en voilà des bateaux qui sont chouette ! " On alla voir. Sous un petit hangar en bois étaient suspendues deux superbes yoles de canotiers, fines et travaillées comme des meubles de luxe. Elles reposaient côte à côte, pareilles à deux grandes filles minces, en leur longueur étroite et reluisante, et donnaient envie de filer sur l'eau par les belles soirées douces ou les claires matinées d'été, de raser les berges fleuries où des arbres entiers trempent leurs branches dans l'eau, où tremblote l'éternel frisson des roseaux et d'où s'envolent, comme des éclairs bleus, de rapides martins-pêcheurs.
Toute la famille, avec respect, les contemplait. " Oh ! ça oui, c'est chouette ", répéta gravement M. Dufour. Et il les détaillait en connaisseur. Il avait canoté, lui aussi, dans son jeune temps, disait-il ; voire même qu'avec ça dans la main -- et il faisait le geste de tirer sur les avirons-- il se fichait de tout le monde. Il avait rossé en course plus d'un Anglais, jadis, à Joinville ; et il plaisanta sur le mot " dames ", dont on désigne les deux montants qui retiennent les avirons, disant que les canotiers, et pour cause, ne sortaient jamais sans leurs dames. Il s'échauffait en pérorant et proposait obstinément de parier qu'avec un bateau comme ça, il ferait six lieues à l'heure sans se presser.



" C'est prêt ", dit la servante qui apparut à l'entrée. On se précipita ; mais voilà qu'à la meilleure place, qu'en son esprit Mme Dufour avait choisie pour s'installer, deux jeunes gens déjeunaient déjà. C'étaient les propriétaires des yoles, sans doute, car ils portaient le costume des canotiers.
Ils étaient étendus sur des chaises, presque couchés. Ils avaient la face noircie par le soleil et la poitrine couverte seulement d'un mince maillot de coton blanc qui laissait passer leurs bras nus, robustes comme ceux des forgerons. C'étaient deux solides gaillards, posant beaucoup pour la vigueur, mais qui montraient en tous leurs mouvements cette grâce élastique des membres qu'on acquiert par l'exercice, si différente de la déformation qu'imprime à l'ouvrier l'effort pénible, toujours le même.
Ils échangèrent rapidement un sourire en voyant la mère, puis un regard en apercevant la fille. "Donnons notre place, dit l'un, ça nous fera faire connaissance. " L'autre aussitôt se leva et, tenant à la main sa toque mi-partie rouge et mi-partie noire, il offrit chevaleresquement de céder aux dames le seul endroit du jardin où ne tombât point le soleil. On accepta en se confondant en excuses ; et pour que ce fût plus champêtre, la famille s'installa sur l'herbe sans table ni sièges.
Les deux jeunes gens portèrent leur couvert quelques pas plus loin et se remirent à manger. Leurs bras nus, qu'ils montraient sans cesse, gênaient un peu la jeune fille. Elle affectait même de tourner la tête et de ne point les remarquer, tandis que Mme Dufour, plus hardie, sollicitée par une curiosité féminine qui était peut-être du désir, les regardait à tout moment, les comparant sans doute avec regret aux laideurs secrètes de son mari.



Elle s'était éboulée sur l'herbe, les jambes pliées à la façon des tailleurs, et elle se trémoussait continuellement, sous prétexte que des fourmis lui étaient entrées quelque part. M. Dufour, rendu maussade par la présence et l'amabilité des étrangers, cherchait une position commode qu'il ne trouva pas du reste, et le jeune homme aux cheveux jaunes mangeait silencieusement comme un ogre.
" Un bien beau temps, monsieur ", dit la grosse dame à l'un des canotiers. Elle voulait être aimable à cause de la place qu'ils avaient cédée. " Oui, madame, répondit-il ; venez- vous souvent à la campagne ?
-- Oh ! une fois ou deux par an seulement, pour prendre l'air ; et vous, monsieur ?
-- J'y viens coucher tous les soirs.
-- Ah ! ça doit être bien agréable ?
-- Oui, certainement, madame. "
Et il raconta sa vie de chaque jour, poétiquement, de façon à faire vibrer dans le cœur de ces bourgeois privés d'herbe et affamés de promenades aux champs cet amour bête de la nature qui les hante toute l'année derrière le comptoir de leur boutique.
La jeune fille, émue, leva les yeux et regarda le canotier. M. Dufour parla pour la première fois. " Ça, c'est une vie ", dit-il. Il ajouta : " Encore un peu de lapin, ma bonne. -- Non, merci, mon ami. "
Elle se tourna de nouveau vers les jeunes gens, et montrant leurs bras : " Vous n'avez jamais froid comme ça ? " dit-elle.
Ils se mirent à rire tous les deux, et ils épouvantèrent la famille par le récit de leurs fatigues prodigieuses, de leurs bains pris en sueur, de leurs courses dans le brouillard des nuits ; et ils tapèrent violemment sur leur poitrine pour montrer quel son ça rendait. " Oh ! vous avez l'air solides ", dit le mari qui ne parlait plus du temps où il rossait les Anglais.
La jeune fille les examinait de côté maintenant ; et le garçon aux cheveux jaunes, ayant bu de travers, toussa éperdument, arrosant la robe en soie cerise de la patronne qui se fâcha et fit apporter de l'eau pour laver les taches.
Cependant, la température devenait terrible. Le fleuve étincelant semblait un foyer de chaleur, et les fumées du vin troublaient les têtes.
M. Dufour, que secouait un hoquet violent, avait déboutonné son gilet et le haut de son pantalon : tandis que sa femme, prise de suffocations, dégrafait sa robe peu à peu. L'apprenti balançait d'un air gai sa tignasse de lin et se versait à boire coup sur coup. La grand-mère, se sentant grise, se tenait fort raide et fort digne. Quant à la jeune fille, elle ne laissait rien paraître, son oeil seul s'allumait vaguement, et sa peau très brune se colorait aux joues d'une teinte plus rose.
Le café les acheva. On parla de chanter et chacun dit son couplet, que les autres applaudirent avec frénésie. Puis on se leva difficilement, et, pendant que les deux femmes, étourdies, respiraient, les deux hommes, tout à fait pochards, faisaient de la gymnastique. Lourds, flasques, et la figure écarlate, ils se pendaient gauchement aux anneaux sans parvenir à s'élever ; et leurs chemises menaçaient continuellement d'évacuer leurs pantalons pour battre au vent comme des étendards.
(continua)




P.S. L'episodio dell'altalena lo si può vedere qui. C'è anche Jean Renoir nella parte di Père Poulain e ci sono tre seminaristi: Georges Bataille, Jacques Becker, Henri Cartier-Bresson. Eccoli nell'immagine di chiusura.



8 commenti:

Solimano ha detto...

Ecco una traduzione in italiano gentilmente trovata da Habanera per chi ha qualche difficoltà col francese:

"Da cinque mesi c'era il progetto d'andare a mangiare nei dintorni di Parigi, il giorno della festa della signora Dufour, che si chiamava Petronille. Sicché quella mattina, dopo aver aspettato la scampagnata per tanto tempo, tutti s'erano alzati prestissimo.
Dufour s'era fatto prestare la vettura dal lattaio, e s'era messo a guidare lui stesso. Era una carretta a due ruote, assai decorosa, col tetto sostenuto da quattro montanti di ferro ai quali erano appese le tendine, che avevano tirato su per lasciar libera la vista del paesaggio. Quella dietro, sciolta, ondeggiava al vento come una bandiera. Seduta accanto al suo sposo, la signora Dufour si spampanava in uno straordinario vestito di seta color ciliegia. Dietro, su due sedie, c'erano la vecchia nonna e una ragazza. Dietro ancora si scorgevano i capelli gialli d'un giovane, il quale, in mancanza di seggiole, s'era sdraiato sul fondo, e lasciava vedere soltanto la testa.
Dopo aver attraversato il viale degli Champs Elysées, e superato le fortificazioni della porta Maillot, cominciarono a contemplare il paesaggio.
Arrivati al ponte di Neuilly, Dufour aveva detto: - Ecco finalmente la campagna! - e sentendo questa frase sua moglie s'era commossa sulla natura.
All'incrocio di Courbevoie furono presi d'ammirazione, nel vedere l'ampliarsi degli orizzonti. A destra laggiù c'era Argenteuil, col campanile dritto; più su si vedevano le collinette di Sannois e il mulino d'Orgemont. A sinistra, si disegnavano nel chiaro cielo mattutino l'acquedotto di Marly, e, lontana, si poteva vedere anche la pianeggiante altura di Saint-Germain; di fronte, al principiare d'una catena di colline, il terreno smosso indicava il nuovo forte di Cormeilles. Spingendo lo sguardo nella più profonda lontananza, al disopra di pianure e villaggi s'intravedeva un cupo verdeggiar di foreste.
Il sole incominciava a farsi sentire; la polvere riempiva di continuo gli occhi e ai lati della strada si estendeva una campagna interminabilmente spoglia, sporca e maleodorante. Pareva che un'epidemia l'avesse devastata, e avesse rosicato anche le case, perché si vedevano scheletri di costruzioni sfondate e abbandonate, o capanne rimaste a metà per mancato pagamento ai costruttori, che protendevano le loro quattro mura spoglie di tetto.
Di tanto in tanto spuntavano nello sterile terreno i lunghi camini delle fabbriche, unica vegetazione di quei putridi campi sui quali il venticello della primavera faceva ondeggiare un odore di petrolio e di schisto, misto ad un altro odore ancor meno gradevole.
Poi avevano attraversato la Senna per la seconda volta: sul ponte era stato un incanto. Il fiume sfolgorava di luce; succhiata dal sole, si alzava dall'acqua una nebbiolina; e si provava una dolce quiete, un benefico refrigerio nel respirare un'aria più pura, non corrotta dal fumo nero delle officine, e dai miasmi degli scarichi.
Un passante aveva detto il nome del paese: Bezons.
La carrozza si fermò e Dufour si mise a leggere l'allettante insegna d'una trattoria: - Ristorante Poulin, zuppe alla marinara e fritture, sale da banchetti, pergolati e altalene. Allora, signora Dufour, ti va bene? Vuoi finalmente deciderti?
A sua volta la donna lesse: - Ristorante Poulin, zuppe alla marinara e fritture, sale da banchetti, pergolati e altalene.. - Poi guardò ben bene la casa.
Era una locanda di campagna, dipinta di bianco, piantata sul margine della strada. Dalla porta aperta si vedeva lo zinco lucido del banco davanti al quale c'erano due operai vestiti a festa.
Finalmente la signora Dufour si decise:
- Sì, va bene, - disse. - E poi c'è anche una bella vista.
La carrozza penetrò in un vasto spiazzo alberato che si stendeva dietro la casa, separato dalla Senna soltanto dalla strada d'alzaia.
Scesero a terra. Il marito saltò giù per primo e distese le braccia per ricevere sua moglie. La pedana, retta da due sbarre di ferro, era assai distante, cosicché, per arrivarci, la signora Dufour dovette mostrare l'inizio del polpaccio, la cui primiera sottigliezza spariva sotto un'invasione di grasso che scendeva dalle cosce.
Dufour, già ringalluzzito dalla campagna, le pizzicò il polpaccio, poi la prese per le ascelle, e la posò pesantemente a terra, come un enorme fagotto.
Ella si spolverò con la mano il vestito di seta, poi si guardò intorno.
Era una donna di trentasei anni all'incirca, molto in carne, rigogliosa e piacente. Respirava a fatica, strozzata violentemente nell'abbraccio del busto troppo stretto; la pressione di quell'arnese sospingeva fino al doppio mento la massa fluttuante del suo petto troppo abbondante.
Poi la ragazza, poggiando la mano sulla spalla del padre, saltò giù con leggerezza, senz'aiuto. Il ragazzo coi capelli gialli era sceso posando un piede sulla ruota, e aiutò Dufour a scaricare la nonna.
Il cavallo fu staccato e legato a un albero; la carretta cadde in avanti, con le stanghe appoggiate a terra.
Gli uomini, dopo essersi tolta la finanziera, si lavarono le mani in un secchio d'acqua, e raggiunsero le loro donne, che si erano già messe a far l'altalena.
La signorina Dufour, in piedi sull'altalena, cercava di dondolarsi da sola, ma non riusciva a prendere abbastanza slancio. Era una bella ragazza di diciotto o vent'anni; una donna che a incontrarla per la strada si rimane come frustati da un improvviso desiderio, che lascia per tutta la giornata una vaga inquietudine e un'eccitazione dei sensi. Era alta, con la vita sottile e i fianchi larghi, aveva la pelle scurissima, gli occhi grandissimi, i capelli nerissimi. Il suo vestito disegnava nitidamente la ferma pienezza delle sue carni, accentuata ancor più dal movimento delle reni, ch'ella faceva per dondolarsi. Le sue braccia tese stringevano le corde, sopra il capo, di modo che, a ogni slancio, il seno le si sollevava senza tremolio.
Un soffio di vento le aveva portato via il cappello, facendolo cadere dietro; l'altalena a poco a poco prendeva movimento, e ad ogni ritorno si potevano vedere fino al ginocchio le sue gambe sottili, mentre arrivava sul viso degli uomini, che guardavano ridendo, il vento delle sue sottane, più inebriante dei fumi del vino.
Sull'altra altalena la signora Dufour si lamentava di continuo con voce monotona: - Cipriano, vieni a spingermi; Cipriano, su, vieni a spingermi! - Alla fine questi si decise, e dopo essersi rimboccate le maniche della camicia, come si fa prima d'iniziare un lavoro, riuscì con infinita fatica a far muovere sua moglie.
Aggrappata alle corde, ella teneva le gambe stese per non strusciare in terra, e godeva dello stordimento che le dava il va e vieni dell'altalena. Le sue carni, scosse, tremolavano di continuo, come la gelatina su un piatto. Poi, siccome l'impulso aumentava, fu presa dalla vertigine e dalla paura. Ogni volta che veniva giù gridava con voce tanto acuta che faceva accorrere tutti i monelli del paese; in basso, davanti a sé, ella scorgeva confusamente una fioritura di teste sguaiate e ghignanti ognuna con una smorfia diversa.
Si presentò una serva, e fu ordinato il pranzo.
- Un fritto di pesciolini della Senna, spezzatino di coniglio, insalata e dolce, - scandì la signora Dufour, con aria d'importanza. - Portate anche due litri e una bottiglia di bordò, - disse suo marito. - Mangeremo sull'erba, - aggiunse la ragazza.
La nonna s'era intenerita vedendo il gatto della casa, e da dieci minuti gli andava dietro, chiamandolo coi nomi più dolci. L'animale, che senza dubbio era internamente lusingato da tanta considerazione, stava a portata di mano della buona vecchia, però senza lasciarsi acchiappare, e girava tranquillamente attorno agli alberi, vi si strusciava tenendo la coda ritta, con un ronron di piacere.
- Guarda! - gridò all'improvviso il giovanotto coi capelli gialli che esplorava tutt'intorno: - queste sì che sono barche.
Andarono a vedere. Sotto una piccola tettoia di legno erano sospese due magnifiche iole da regata lavorate e rifinite come mobili di lusso. Riposavano a fianco a fianco, simili, nella loro lucida e snella lunghezza, a due belle ragazze slanciate; e facevano venir voglia di correre sull'acqua, nelle dolci e belle serate, o nelle limpide mattine d'estate, di sfiorare le sponde fiorite dove file di alberi bagnano i rami nell'acqua, dove tremola l'eterno brivido delle canne e donde, come lampi azzurri, s'involano i rapidi martin pescatori.
Tutta la famiglia le contemplava con rispetto.
- Oh! queste sì, son proprio belle, - ripeté Dufour. E dava spiegazioni da competente. Anche lui, diceva, ai suoi bei tempi aveva praticato il canottaggio; anzi, con quelli in mano (e faceva la mossa di premere sui remi), se ne infischiava di tutti; un tempo, alle corse, a Joinville, aveva battuto più d'un inglese. E scherzò sulla parola «signore» con la quale vengono denominati i due montanti che sostengono i remi, dicendo che i canottieri, con ragione, non uscivano mai senza le loro «signore». Così concionando s'era riscaldato, e si ostinava a dire che con una imbarcazione come quella avrebbe scommesso di fare ventiquattro chilometri l'ora, senza correr troppo.
- È pronto, - disse la serva, affacciandosi sull'ingresso. Si precipitarono; ma ecco che il posto migliore (quello che la signora Dufour aveva scelto fra sé per il desinare) era già occupato da due giovanotti. Indubbiamente erano i proprietari delle iole, perché erano vestiti da canottieri.
Erano distesi, quasi sdraiati, sulle sedie. Avevano il viso brunito dal sole, il petto coperto soltanto da una magliettina di cotone bianco che lasciava nude le braccia, robuste come quelle dei fabbri. Due bei ragazzoni, forse un po' troppo fieri della loro prestanza, ma che in ogni movimento mostravano quell'elastica grazia delle membra che s'acquista solo con l'esercizio, tanto diverso dalle deformazioni che gli sforzi faticosi e sempre uguali imprimono sugli operai.
Costoro nel veder la madre si scambiarono un rapido sorriso, e nel vedere la figlia uno sguardo. - Cediamogli il nostro posto, - disse uno; - così faremo conoscenza. - L'altro s'alzò subito e tenendo in mano il berretto nero e rosso offrì cavallerescamente alle signore il solo luogo del giardino dove non battesse il sole. Gli altri accettarono profondendosi in scuse, e affinché l'atmosfera campestre fosse accentuata, la famiglia si sistemò sull'erba, senza né tavolini né seggiole.
I due giovani portarono la loro roba un poco più in là e si rimisero a mangiare. Le loro braccia nude, ch'essi non tralasciavano di mettere in mostra, imbarazzavano un po' la ragazza. Fingeva di voltare la testa e di non vederle, mentre la signora Dufour, più audace, e stimolata da una femminile curiosità che forse era desiderio, le guardava di continuo e senza dubbio le paragonava con rimpianto alle segrete bruttezze di suo marito.
Era crollata sull'erba, con le gambe piegate come i sarti, e si dimenava continuamente col pretesto delle formiche che le erano entrate in qualche posto. Dufour, reso sgarbato dalla presenza e dalla gentilezza dei due estranei, cercava invano una posizione comoda, e il giovane coi capelli gialli mangiava come un orco, in silenzio.
- Che bella giornata, eh, signore? - disse la donnona a uno dei canottieri. Voleva esser gentile a motivo del posto che avevano ceduto.
- Sì, signora - rispose quegli. - Venite spesso in campagna voi?
- Oh! solo una volta o due l'anno, per prendere un po' d'aria; e voi?
- Io ci vengo a dormire tutte le sere.
- Ah! dev'esser bello...
- Sì, certo, signora.
E raccontò con poesia la sua vita d'ogni giorno, in modo tale da far vibrare nel cuore di quei borghesi lontani dall'erba e affamati di passeggiate fra i campi, quello stupido amore della natura che li ossessiona per tutto l'anno dietro il banco delle loro botteghe.
La ragazza, commossa, alzò gli occhi e guardò il canottiere. Dufour aprì bocca per la prima volta. - Eh, questo sì che è vivere! - disse, e aggiunse: - Un altro po' di coniglio, cara?
- No, grazie, amico mio.
Ella si voltò di nuovo verso i due giovanotti e indicando le loro braccia, disse: - Non avete mai freddo, a star così?
Si misero tutti e due a ridere, e spaventarono la famiglia raccontando le loro prodigiose fatiche, i bagni fatti sudando, le corse fra le nebbie notturne; e si percossero violentemente il petto, per far sentire che rumore faceva.
- Si vede che siete robusti, - disse il marito, il quale ora non parlava più di quando vinceva gli inglesi.
Ora la ragazza li guardava di sbieco; il giovane coi capelli gialli, che aveva bevuto di traverso, tossì violentemente, annaffiando il vestito di seta color ciliegia della padrona la quale, stizzita, fece portare un po' d'acqua per lavar le macchie.
Intanto il caldo diventava tremendo. Il fiume scintillante sembrava un braciere ardente, e i fumi del vino sconvolgevano i cervelli.
Dufour, squassato dal singhiozzo, s'era sbottonato il panciotto e i calzoni; sua moglie, mezza soffocata, si slacciava a poco a poco il vestito. L'apprendista, tutto allegro, dondolava il suo testone di capelli filacciosi e si versava un bicchiere dopo l'altro. La nonna, sentendosi brilla, se ne stava rigida e silenziosa. Quanto alla ragazza non lasciava scorgere nulla; soltanto gli occhi le brillavano vagamente e la sua pelle scura si colorava di rosa alle gote.
Il caffè diede il colpo di grazia. Fu lanciata l'idea di cantare, e ognuno recitò il suo stornello, mentre gli altri applaudivano freneticamente. Poi, s'alzarono, con gran difficoltà, e mentre le due donne, stordite, respiravano con forza, i due uomini, completamente cotti, facevano la ginnastica. Pesanti, flaccidi, col viso paonazzo, s'attaccavano goffamente agli anelli, senza riuscire a tirarsi su; e le loro camicie minacciavano di continuo di abbandonare i calzoni per sventolare liberamente come bandiere".
(continua)saludos
Solimano

Silvia ha detto...

Ma che meraviglia! Un gioiello. Lo rileggerò domani con calma, per godermelo fino in fondo.
Buona notte:)

giulia ha detto...

Ho dovuto leggerlo in italiano, purtroppo le lingue non sono il mio forte... Ma ugualmente ho trovato testo ed immagini davvero molto bello e suggestivo.

Solimano ha detto...

Consiglio a tutti di leggere la novella di Maupassant (meglio in francese, ma è certamente apprezzabile anche in italiano), perché è una delle più belle che abbia mai scritto.
Poi, è uscito su DVD il film di Renoir, che dura soltanto quaranta minuti, ed è un miracolo raro, perché si avverte come il regista è vicino allo scrittore, ma anche come sono due opere d'arte assolutamente diverse. Nel DVD c'è fra gli extra una cosa meravigliosa, che in paese colro come la Francia sono riusciti a fare: recuperare tutti i ciak scena per scena in attesa di realizzare il ciak che fu poi scelto per il film. Questo extra dura più di un'ora ed è impagabile perché permette di capire tanti problemi e stimoli che ci sono quando si gira il film. A parte che è divertente, perché si capisce il rapporto di amore/odio fra gli interpreti, ad esempio Sylvia Bataille e Jean Renoir non andavano d'accordo.

grazie e saludos
Solimano

Habanera ha detto...

Olà! Finalmente rientrata a casa posso godermi queste bellissime immagini con il maxischermo del pc milanese.
Mi sono dilettata anche a rileggere la versione in francese ma, lo confesso, faccio meno fatica a leggerla in italiano.
Splendido lavoro, Sol! Aspettiamo il seguito.

Muchas gracias y besos.
H.

Solimano ha detto...

Habanera, il seguito è quasi pronto. Sarebbe bello, prima o poi, fare un post dedicato ai fiumi (non c'é solo la Senna), alle barche, alle colazioni sull'erba, ai canottieri ed ai balli. Se ne è occupato il padre di Jean Renoir ma anche qualcun altro...

saludos y besos
Solimano

Silvia ha detto...

Che immagini strepitose. Ma vi rendete conto della quantità di argento che devono avere per avere tutte quelle tonalità di grigi? Così belle che sembrano a colori? Anzi, più belle che a colori.

L'ho letto con grande piacere.
E la prima immagine che mi si è parata davanti è stata: dejeuner sur l'herbe di Monet, poi Cézanne e Manet che era più bricconcello...

Aspetto:)

Solimano ha detto...

Silvia, la novella di Maupassant mi fa piacere che tu l'abbia letta, e se avessi tempo, esplorerei i film tratti da Maupassant (che di novelle adatte al cinema ne ha scritte tante). Ne conosco uno molto bello e poco conosciuto, di cui forse scriverò fra un po' di tempo.

grazie Silvia e saludos
Solimano